Le Team Chiavenuto a célébré à Biella comme il se doit la victoire au championnat d’Europe des rallyes historiques 2017.
Quarante ans après la victoire de Darniche/Mahé en 76 et 77 avec MFS Maglioli puis celle de Carello/Perisinot en 1978, c’est de nouveau un équipage Français et un préparateur Biellese qui ont offert à la Lancia Stratos son quatrième titre européen. Un tel succès, que nombreux pensaient improbable, méritait une fête où de nombreuses personnalités du monde des rallyes étaient présentes ainsi que tous les amis italiens de Comas.
Ce dernier, radieux, déclarait : «C’est vraiment une victoire de votre territoire Biellese, il y a quatre ans je ne connaissais pas votre région et aujourd’hui je lui dois tout, j’y ai rencontré Raffaella exactement ici ou nous fêtons ce titre Européen et nous nous marions l’an prochain. Pour ce qui nous concerne aujourd’hui, je dois vraiment cette victoire à Andrea Chiavenuto. Après plusieurs tentatives en Italie, en Suisse puis en France, c’est finalement à quelques kilomètres de là où la voiture fut préparée à Biella il y a 40 ans que ma Stratos est désormais entretenue avec grande satisfaction.
Quand as-tu pensé pouvoir gagner le championnat?
Exactement le 13 avril, quand après une première étape désastreuse sur 5 cylindres au Costa Brava, où je dois ma seconde place aux conditions climatiques extrêmes et mon meilleur choix de pneus , j’ai repris la possession de ma voiture à Marseille dans le team qui en avait la gestion depuis trois mois. J’ai porté ma Stratos chez Andrea et de là ma vie a changé. J’ai enfin trouvé un interlocuteur humble, à mon écoute, volontaire et motivé. En 5 jours pendant le weekend de Pâques, en travaillant jour et nuit, il a remis en ordre tout ce qui avait été négligé pendant l’hiver et nous avons de suite remporté notre première victoire en République Tchèque. C’est la première de nos trois victoires avec celles d’Alpi Orientali et du weekend dernier à Elba. Personne, lors de ces six dernières années que je roule en Stratos, n’avait apporté autant de soin à la préparation, pas de paroles, pas de frime, une humilité permanente et une honnêteté peu commune dans ce milieu. Il a réussi là où les autres ont échoué, fiabilité, performance et budget respecté et le tout sans aucune prétention. Notre complicité s’est construite dès ce premier succès, un jour inoubliable pour nous.
Peux-tu nous parler de Yannick Roche ton copilote?
Une autre rencontre venue du ciel, le copilote parfait, sans lui ce succès aurait été difficile, Yannick a pris en charge toute la gestion de la préparation administrative des courses, les plans d’assistance, l’organisation des reconnaissances, et au-delà du fait qu’il est excellent navigateur, il gère aussi la pression des gommes décidée ensemble et la consommation carburant. Avec lui je suis vraiment détendu et j’ai pu me concentrer sur le setup de la voiture et sur mon pilotage. A aucun moment en deux ans j’ai regardé ma montre pour contrôler les horaires, une confiance absolue qui m’a permis de conduire au plus précis, ce qui était indispensable pour l’emporter face à des Delta, Sierra, M3, Legacy, 037, Porsche RSR et Groupe B. Nous avons construit notre complicité en 2016 avec la victoire à la Targa Florio et à Asturias, et cette année nous étions encore plus fort. Son comportement est aussi parfait en toutes circonstances et il a vraiment l’étoffe d’un copilote WRC.
La Stratos était-elle la meilleure voiture pour ce championnat?
La Stratos est ma voiture de cœur et je ne serais pas objectif pour répondre à cette demande. A son époque sans aucun doute la meilleure voiture jusqu’en 81 où Darniche a encore gagné au Tour de Corse, puis sont arrivées les groupe B comme la 037 et plus tard les groupe A comme la Delta qui ont en toute logique surclassé la Stratos avec l’arrivée de nouvelles technologies, turbo et traction intégrale.
Mais tu as pourtant gagné devant ces voitures de 1990 et des rallymen comme Batistolli qui connaissent ces rallyes depuis 40 ans?
Je connais la Stratos par cœur et je connais ses points forts, sa légèreté et son agilité. Avec 250 chevaux et des carburateurs, nous sommes par contre loin en couple et en puissance des Porsche de 300cv et de la Delta avec 350 CV et quatre roues motrices. Pour notre période (2) de 1971 à 1976 nous n’avons pas le droit aux amortisseurs réglables et ceci augmente encore la différence avec la période 4 après 1981. J’ai donc dû arriver sur chaque épreuve avec des réglages de base théoriques en fonction de mon expérience de 2016, hormis à Ypres que je découvrais. Ensuite j’ai sans cesse modifié mes réglages de barres, géométrie et rapports de boite de vitesse, autre point fort de la Stratos quand elle est bien montée. Nous avons donc progressé pendant les rallyes et à chaque fois que j’ai pris le commandement je l’ai emporté quelle que soit l’adversité. C’est dans les spéciales rapides en descente avec des enchainements de virages en appui qu’on a pu faire la différence car bien réglée la Stratos permet d’aller vraiment chercher la limite surtout avec les excellents pneus Pirelli P7 Corsa classic.
Ton expérience de pilote de circuit a-t-elle aidée dans ce succès?
Nous les pistards sommes très pointilleux sur les détails, et ce sont tous les détails mis bout à bout qui ont fait la différence. Andrea a eu l’intelligence de m’écouter sur les réglages sans jamais interférer comme je n’ai jamais interférer sur ces choix techniques pour préparer le moteur, la boite, et le châssis. Je dirais que nous avons eu tous les trois notre rôle dans ce succès a part identique, Andrea, Yannick et moi. Davantage que mon expérience circuit c’est mon expérience avec des voitures propulsion qui m’a aidé à tirer toute la quintessence de la Stratos et évidement mon bagage technique afin de réagir après chaque épreuve spéciale pour sans cesse améliorer la voiture.
Andrea on imagine que ce titre est un résultat professionnel d’une immense satisfaction pour toi?
Tout est arrivé très vite et ce programme sportif n’était pas à l’ordre du jour avant mi-avril. Erik m’a fait confiance sans même me connaitre et, sachant ses expériences précédentes difficiles, j’ai mis un point d’honneur à ne pas le décevoir au prix de longues journées de travail et de nuits agitées. Alors oui la satisfaction est immense, aussi celle du travail bien fait et c’est un honneur pour le Team Chiavenuto de réveiller l’histoire du territoire Biellese 40 ans plus tard. Travailler avec deux pros comme Erik et Yannick m’a aussi apporté beaucoup, et je ne pense pas que cet exploit puisse être reproduit dans le futur, les différences avec les autres voitures s’accroissent chaque année et sans une approche précise comme la leur, nous ne l’aurions pas remporté. Ce fut aussi une aventure humaine inoubliable et je suis convaincu que la Stratos Zenith est devenue une des plus désirées de toutes les Stratos.
Classement après Elba
Erik Comas / Yannick Roche Lancia Stratos 1974 (2) 108 points
Luigi Batistolli / Fabrizia Pons Lancia Delta 16V 1989 (4) 90 points
Lucio Da Zanche / De Luis Porsche 911 RSR 1974 (2) 84 points
Ville Silvasti Porsche 911 RSR 3.0l 1974 (2) 77 points
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Photo credits: Max Ponti